Alors que les OSI (olympiades des sciences de l’ingénieur) sont destinées à un public de lycéennes et lycéens, le festival « J’invente Demain » lui, s’est tourné, depuis 2018, vers les collégiennes et collégiens. Fruit d’une collaboration entre l’académie de Grenoble et le CEA, ce programme, dont la devise est « Apprendre, innover, imaginer » dans une démarche de design thinking, vise à « développer la créativité, l’esprit d’initiative, les compétences scientifiques et technologiques ». Stéphane Deplaude, IA-IPR en Sciences et Techniques Industrielles nous éclaire sur les nombreuses cordes de ce programme : « Il permet également de promouvoir les valeurs humaines, l’ouverture sur le monde, l’égalité des filles et des garçons, favoriser la collaboration et la communication, le travail en équipe et enfin aider à la construction de l’orientation et à la connaissance des métiers en acculturant les collégiens aux sciences, à la technologie et au numérique dans une approche STEM (science, technologie, ingénierie et mathématiques) ».
Une opportunité à laquelle plus de 1000 élèves répartis dans 30 collèges de l’académie de Grenoble ont pu profiter. Et puisque l’on aborde les chiffres, Stéphane Deplaude dégaine la calculette : « Tous les départements de l’académie sont représentés avec 17 collèges inscrits en Isère, 6 en Drôme, 4 en Haute-Savoie, 2 en Ardèche et 1 en Savoie. 41 professeurs de 12 disciplines ont été formés pour l’occasion grâce à 8 formateurs répartis sur les 5 départements de l’académie, alors que 16 interventions ont été réalisées auprès des élèves par des doctorants du CEA tandis que des étudiants de Polytech sont intervenus dans le cadre du projet « des polymères dans ton école ».

Chiffres suite et fin, ce sont 329 collégiennes et collégiens issus de 13 établissements qui étaient présents ce mardi 27 mai au sein de cette superbe structure de Minatec, intégrée au campus du CEA, pour présenter leurs 25 projets vidéo et 21 maquettes. Nicolas Laverdure, IA-IPR en Sciences et Techniques Industrielles revient sur la démarche scientifique : « Les élèves identifient un problème ou un besoin lié aux objectifs du développement durable de l’ONU pour lequel ils sont en empathie. Après un travail de recherche de données fiables au sujet de ce problème et de ses causes, plusieurs phases de travail individuel et collectif mènent les élèves à émettre des idées plus ou moins réalistes et efficaces jusqu’à aboutir à une solution qui sera détaillée, représentée, fabriquée et programmée ».
Les maquettes sont la grande nouveauté de cette édition 2024-2025. Elles permettent de voir in situ les prototypes des élèves et échanger concrètement sur les projets menés. Monsieur Deplaude précise : « Les élèves ont 3 minutes pour présenter leur projet, puis le jury a ensuite 3 minutes de discussion avec les équipes ».
Un mot sur le jury, celui-ci est scindé en deux groupes de six experts issus notamment de l’académie de Grenoble, du CEA et du département de l’Isère, un est spécialement dédié à l’évaluation des maquettes et un autre à l’évaluation des vidéos. Charge à ces professionnels de départager les lauréats.

Stéphane Deplaude ponctue les présentations en se projetant sur les récompenses : « Un prix est prévu à l’issue de la journée. Chaque projet se verra remettre une mention (or, argent et bronze) et un prix coup de cœur sera remis par les partenaires ».
Magylo, Equilitaches, The nicotine detector, Rollamborghini, Respirazone, Equalogie…

Une certitude nos collégiennes et collégiens ne manquent pas d’originalité pour trouver les intitulés de leur projet…
C’est à 10h30, une fois le mot de bienvenue prononcé successivement par Messieurs Deplaude et De Bonis, du CEA, que l’on entre dans le vif du sujet. L’amphithéâtre platine se mue alors en salle de cinéma, tandis que le hall de Minatec résonne des présentations enjouées des maquettes.
La première vidéo est l’œuvre du collège Marcel Chêne à Pontcharra (Isère) et traite du stéréotype des genres. The Nicotine detector souhaite éduquer les jeunes sur les dangers du tabac. La spiruline est aussi au programme avec l’idée de dépolluer les villes en captant le CO2 le long des routes. Une autre vidéo traite du gaspillage alimentaire et d’une application pour redistribuer les repas invendus, tandis que le projet « Poulailler » présente un système de détecteur de lumière qui actionne l’ouverture et la fermeture des portes selon l’intensité lumineuse. Et hop, les poulettes sont à l’abri. Un petit making off final bien amusant vient sublimer ce contenu.
Une autre vidéo traite de la crème solaire et ses effets néfastes sur la flore aquatique car les produits chimiques affectent les écosystèmes marins. Le projet est de filtrer la crème solaire sur une Plateforme flottante. On retiendra alors ce Slogan choc : « Filtrer, c’est sauver ! »
Tsunamis, des solutions ? Détection de la pyrale du maïs … les œuvres d’art (ou presque) s’enchaînent. Ce n’est pas le festival de Cannes mais cela y ressemble… Certains élèves ont même tenté, avec succès, des présentations en anglais.
Il est temps désormais de s’intéresser aux maquettes !
Faites du bruit !

Le hasard nous conduit sur le stand « Comment exploiter le son ? » du collège Jules Vernes de Varces où Héloïse, Manoé, Evan et Félix ont imaginé un concept pour transformer le bruit en énergie électrique. Placés le long des routes, les capteurs permettraient alors d’allumer des lampadaires. Problème, il faudrait l’équivalent de 1400 stades de foot pour éclairer un seul de ces candélabres. Le système n’est pas viable, les élèves en sont bien conscients mais l’idée est bonne. Reste à l’équipe des « the best » comme ils nous l’ont suggéré tout sourire, de trouver la bonne formule et vérifier s’il n’y a pas une petite erreur de calcul (dixit un membre du jury) …
Le collège Jean Perrin de Saint Paul trois Châteaux (Drôme) a la chance d’avoir un coach rien que pour les amateurs de boxe, le « coach Bryan » qui mesure le rythme cardiaque de ses poulains et fait également office de Sparring partner.

Il les aide à progresser séance après séance, notamment autour d’un sac de frappe.
À quelques encablures de là, Justyne, Sarah et Ambre, du collège Le Clos Jouvin à Jarrie, abordent l’égalité dans les choix d’orientation. Une thématique en phase avec l’actualité à l’heure où le ministère communique sur le plan Filles et Maths. Le trio a décidé d’inventer un jeu pour rapprocher la gente féminine des sciences, à base de questions ludiques générées par l'IA, et ce dès le plus jeune âge. La voie scientifique est alors toute tracée pour ces jeunes filles inspirantes.

On poursuit avec le collège du vallon des Mottes à la Motte-d’Aveillans et sa superbe maquette de robot sous-marin construit avec des tuyaux de PVC. Un robot qui s’intéresse aux tsunamis, à condition de résister à la vague déferlante. Une fois les remous terminés, il détecte, grâce à sa caméra, les espèces qui ont migré dans la tempête. Ce dernier pourra ainsi quantifier la présence d’espèce invasive dans un nouveau milieu et la perturbation des chaines alimentaires marines qui en découle. Faute d’océan pacifique, ce sont sur les lacs du plateau matheysin que les jeunes chercheurs ont pu tester leur maquette en s’intéressant notamment aux écrevisses.

On aimerait également vous parler de cette belle invention, Helpear, ce petit appareil bien caché dans l’auricule destiné à réduire les sons et protéger l’ouïe, ou encore de cette « Montgolfière pour la ville » de Nolan, Gabriel, Lucien et Céline du collège de l’Aigle à Grenoble, un ballon alors capable de dépolluer l'air au-dessus des centres urbains grâce à ses filtres à particules. Des élèves qui ont tout prévu, jusqu’à des filins pour descendre les montgolfières à l’heure du renouvellement des filtres.

Citons enfin Clément, Mohamed et Laureline, du collège Louis Lumière à Échirolles qui ont la brillante idée de lutter contre le gaspillage de l’eau à la cantine en imaginant des distributeurs d’eau dont la quantité est adaptée à la soif. Il suffisait juste d’y penser.
Bref les bonnes idées se succèdent avec ce brin de naïveté et d’insouciance qui font le charme de la jeunesse et repousse les limites de l’impossible.
Tout le monde a gagné ou presque…
Puisque qu’il faut bien un vainqueur, voici le palmarès de ce JID 2024/2025 :
Catégorie Vidéo :
Mention or
Signalalert, Nez électronique, The nicotine detector, Du lavabo à l’énergie, L’effet de la spiruline, La poubelle mobile, Crème solaire, X7, Tsunami
Mention coup de cœur du jury
Catégorie Maquettes :
Mention or
Lutte contre le gaspillage alimentaire, Help care, Limitation d’accès aux parcs naturels, La main du cuisto, Cleaning boat, Equalogie, Poubelle écologique
Mention coup de cœur du jury
Help care, Cleaning boat








Que cette journée fut belle et riche en émotions...
Ajoutez un Photobooth (à l'occasion des 80 ans du CEA), la rencontre avec des apprenties journalistes (Alizée et Alice) du collège Marcel Mariotte, et les souvenirs resteront gravés à jamais.
Ne reste plus qu’à breveter ces belles inventions du jour qui feront, qui sait, partie de notre quotidien de demain…